Voilà, c’est le début des vacances et le blog va s’arrêter pendant 2 semaines. Je fais mes bagages et je n’ai pas le temps d’écrire une analyse sophistiquée avant de partir. Il me semble plus judicieux de mettre en ligne quelques images de circonstance.
Précisons d’emblée que je n’irais pas à Saint-Tropez. Les belles vacances de ma jeunesse se sont déroulées à la montagne, dans une ambiance rustique accompagnées d’efforts répétés, de marches interminables et relations amicales. De l'unique semaine que j'ai passé au bord de la Côte d’Azur quand j'étais petit enfant, je garde un souvenir paradoxal de froideur.
Lors de mon adolescence, je n’osais pas trop avouer mes réticences au farniente au bord de la mer. Tout le monde autour de moi idéalisait ce style de vie et je trouvais difficilement les mots pour dire le contraire. C’est dans ce contexte que j’ai découvert un jour l’album de Sempé.
Quelques décennies plus tard, je saurais certainement mieux trouver les mots qui définissent Saint-Tropez et tout ce que cet endroit représente, mais ce n’est plus nécessaire. Il est tellement plus simple de regarder ces petits moments de vie capturés par Sempé.
Je n’entamerai pas de débat pour savoir si les suites d’illustrations dessinées par Sempé appartiennent ou non au monde de la BD. La réponse affirmative me semble tout de même évidente.
La meilleure séquence de Saint-Tropez, en tout cas la plus drôle, c’est ce petit sketch qui montre un vieil homme sur son bateau amarré au bord du quai. Il a passé toute sa vie à travailler pour s’offrir ce luxe.
Je l’aime bien, ce vieil homme issu d’une famille modeste. Je revendique même sa naïveté.
Malheureusement, mes enfants n’ont pas connu les mêmes expériences. Je crois que ces petits galapiats ressemblent plutôt au jeune homme riche. En tout cas, leurs répliques me placent parfois dans la même consternation.
Ces images de Sempé ont maintenant 40 ans et je me dis parfois que quelque chose a dû changer. Je n’ai toutefois pas envie d’aller vérifier.
Vais-je entamer une longue tirade sur Sempé et son coup d’œil impitoyable, sur son refus de se compromettre avec la mode, et sur sa manière de tout raconter en une seule image. Je me rappelle de ses déclarations dans une vieille interview (je n'ai pas le temps de chercher où). Il estimait que la plus grande difficulté, c’était d'avoir l’ambiance, et qu'il ne trouvait pas de repos tant qu’il ne l'avait pas obtenue. Cette vérité de l’ambiance, c’est justement la qualité la plus marquante de son Saint-Tropez.
C’est ainsi que cet été, je partirai en sens contraire des migrations estivales, vers l’Allemagne et ses châteaux romantiques, puis vers la Hollande et ses tulipes. J’y oublierai un peu la BD (mais ce n’est pas sûr), j’y ferai certainement du tourisme et puis surtout, je serais loin, très loin de Saint-Tropez.